THE AGE OF ANXIETY
DU TEMPS DE L’ANGOISSE VERS LES POSSIBLES À CRÉER
Spectacle Théâtral, Musical et Visuel
Alteregoproject 2018
« Le théâtre est le premier sérum que l’homme ait inventé pour se protéger … de l’angoisse. »
Jean-Louis Barrault – Nouvelle réflexions sur le théâtre
Accueillir l’état de notre société aujourd’hui, demande à l’être humain une l’alternance sans
répit entre équilibre et étourdissement.
Le monde évolue d’une façon vertigineuse.
D’ailleurs, il n’évolue pas, il révolue d’un état vers l’autre.
À toute vitesse et sans cesse.
La vie de l’être humain ne représente plus le cycle d’une génération, comme l’on pouvait l’appeler auparavant. L’Homme d’aujourd’hui vit dans l’espace de ses propres quelques décennies l’intensité d’une tranche de temps égale à celle d’une civilisation et cela malgré lui, en dehors de son choix.
Les développements fulgurants de la technologie induisent de métamorphoses climatiques, de changements irréversibles des modes de communication et de consommation. L’accès abusif à l’information personnelle ou l’observation perpétuelle de l’individu par les moyens des caméras, et plus récemment, par des vaisseaux spatiaux, altère assurément l’essence même du fonctionnement humain. L’angoisse s’installe.
Et puis la guerre. Les guerres. Celles d’autrefois et l’actuelle, qui se présente à nous partout, parfois en arborant le masque des attentats terroristes à proximité, parfois dans le regard angoissé d’un réfugié tétanisé, ou encore comme un héritage empestant et inquiétant, dans la mémoire des cellules de ceux qui ont fait la guerre, qui l’ont vu, et en résultat décapités de tout espoir, de toute sensualité ou projection vers un lumineux lendemain.
Et on se demande « La prochaine fois … ce sera où !?! Ici ? Quand ? »
« Lacrimosa dies illa, qua resurget ex favilla, Judicandus homo reus … »
Thomas da Celano – Dies Irae
Alors, comment l’être humain intègre-t-il cette immense et indigeste livraison dont le cargo
du progrès de toutes sortes s’épanche ?
S’agit-il dans ce cas d’une direction à prendre ?
Ou plutôt d’une clé à trouver, une liberté à prendre … ou d’un bouclier à enlever ?
Avec la création du spectacle THE AGE OF ANXIETY, je fédère aujourd’hui mes énergies et celles de Gian Manuel RAU, metteur en scène, avec la poésie neo baroque de W.H.AUDEN et la musique de Leonard BERNSTEIN pour édifier une oeuvre qui révèle l’immense potentiel de l’âme humaine et la richesse de son univers infini face à l’absurdité et les dérives de notre société.
Victoria Harmandjieva
D’après Le Texte De : W.H.Auden
Musique : Leonard Bernstein
Idée & Conception : Victoria Harmandjieva
Mise En Scène : Victoria Harmandjieva & Gian Manuel Rau
Entretiens Philosophiques avec Craig.E.Stephenson
En co-production avec
Alterego Project – Vevey
Le Reflet – Théâtre De Vevey
Centre Musical Sylvia Wadilove – Villeneuve
Producteur Délégué – Alterego
Création Mondiale
Les 1, 2 & 3 Novembre 2018
Au Reflet – Théâtre De Vevey – Suisse À 20H
Salle Del Castillo
Autres Lieux En Négociation
Cast
Dans le rôle de Quant et Danseuse
Isabelle Vesseron
Dans le rôle de Rosetta et Pianiste
Victoria Harmandjieva
Dans le rôle de Emble et Pianiste
Benedek Horvàth
Dans le rôle de Malin et Metteur en Scène
Gian Manuel Rau
Lumières
Gian Manuel Rau
Création Vidéos, Effets et Projections
Giuseppe Greco
Scénographie
Giuseppe Greco & Victoria Harmandjieva
Son et Objets Sonores
Michel Challandes
Costumes & Accessoires
Nadia Cuénoud
Direction Technique
Giuseppe Greco
Chargée de Production
Véronique Kespi
Assistant Production
Kenji Theiler
Administration
Mélanie Burnier
Attachée de Presse
Éliane Gervasoni
THE AGE OF ANXIETY – CRÉATION
THÉÂTRE – MUSIQUE – DANSE – VIDÉO
LE POÈME
W.H.AUDEN, SON POÈME ET ARÈS CONTRE ÉROS
Un des noyaux générateurs de la création du spectacle THE AGE OF ANXIETY se trouve dans l’oeuvre poétique du même titre, du poète anglo-américain W.H.AUDEN. Il entreprend l’écriture de son « baroque eclogue » en 1944, épris par les fortes expériences personnelles de la deuxième guerre mondiale.
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LES QUATRE VISAGES D’UNE SEULE QUÊTE
Au début du poème Auden met en lumière quatre protagonistes – une femme et trois hommes – des buveurs solitaires dans un bar de New York en temps de guerre : Malin, aviateur canadien ; Quant, greffier ennuyé par le monde ; Emble, jeune recrue navale et Rosetta, prospère acheteuse pour les grands magasins. Durant les six importants chapitres de l’oeuvre, ils méditent et ils se lamentent sur leurs vies (Seven Ages – Les Sept Âges), leurs espoirs, leurs pertes, sur la mort (The Dirge – Le chant funèbre), sur la condition humaine (Seven Stages – Les Sept Étapes). Chacun d’eux agit à sa façon – Rosetta par ses sentiments, Malin par son mental, Emble par ses émotions, Quant par son intuition.
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LA SYMPHONIE N°2
LEONARD BERNSTEIN ET SA SYMPHONIE N°2
L’autre source d’inspiration pour créer le nouveau spectacle de la compagnie ALTER EGO, est la musique de Leonard BERNSTEIN, chef d’orchestre, pianiste d’exception et un des compositeurs phares de la musique américaine du XXè siècle, connu, entre autres, pour son célèbre théâtre musical « West Side Story » (1957). Bernstein découvre le poème d’Auden en 1948 et après sa première lecture, il en est fasciné : « Je me suis identifié au poème, dont la ligne essentielle est l’exploration difficile de soi-même dans le monde et la problématique de la foi ». Inspiré, il compose en 1949, la partition de sa deuxième symphonie qui porte le même nom « THE AGE OF ANXIETY ».
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Dans son oeuvre, Bernstein décide de donner une place centrale au piano, qui représente l’humain dans son combat pour être compris, pour être aimé, face à l’immense instrumentarium de l’orchestre. La partie pianistique offre un vaste univers, généreux en couleurs et lyrisme, mais aussi en virtuosité et humour. Le mouvement The Masque, se référant à la nuit dans l’appartement de Rosetta, est le plus scintillant et vertigineux solo jamais écrit pour piano. C’est une véritable danse pour honorer la vie et un tourbillon qui fait tourner les quatre personnages bien au-delà de la raison, tout proche de leur désir d’effacer le monde lugubre. Tout au long de la pièce, les instruments de l’orchestre éclatent de vitalité, puis disparaissent brusquement ou sont noyés par les autres : comme si le thème fragile de l’oeuvre continue son combat. Cela donne à la symphonie la concision et la cohésion voulues dans le poème. L’oeuvre est courte, mais pleine d’électricité. Elle fait entendre sa voix. El si les accords majestueux de l’Épilogue semblent plus résolus que la fin du poème, c’est peut-être là, le point de la rencontre entre le génie du langage et celui de la musique. Seule cette rencontre – entre les arts et les humains – semble pouvoir réparer ce qui est brisé.
AUJOUIRD’HUI LE SPECTACLE
NOTES D’INTENTION À LA MISE EN SCÈNE - GIAN MANUEL RAU
Mon pire cauchemar c’est la vision du futur que propose Bill Gates, un futur où il y aura une caméra à chaque coin de rue et où chaque conversation et chaque action sera enregistrée. Quel champ de mines. Nous sommes anxieux. Nous craignons d’avoir peur. C’est notre nature qui nous dispose ainsi. De nouveau nous vivons dans une ambiance de guerre. Une guerre clandestine. Ce que la seconde Guerre mondiale signifiait pour les 4 personnages et prototypes de W.H.Auden dans son poème étendu et sans limites The Age of Anxiety (1947) et pour son compositeur Leonard Bernstein (1948).
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Le climat d’angoisse d’aujourd’hui ressemble beaucoup à celui densifié par Auden et réinventé par Bernstein. Ces vers et ce caméléon de consonance n’ont pas d’âge. Pour appréhender ce danger de long terme que signifie ce sentiment de l’anxiété, cette sensation souterraine et désertique il faut créer un monde scénique de grande portée. Le théâtre est le premier sérum de vérité que l’homme ait inventé pour se protéger de la maladie de l’angoisse. Ici on parle d’un vol nocturne sans visibilité pour se rendre à l’enivrement, pour amocher l’inassouvissement dans une errance intrépide. Je ressens une envie énorme de créer un spectacle beau, prometteur et plein de joie conspirative. Le poème de Auden sera condensé par un choeur de voix anonymes (nos voix et surtout celles de nos enfants) très doux, parfois chuchoté à peine audible, parfois hurlé en voix solo avec force. Quelque fois ce choeur se tait et on peut lire des titres qui nous réfèrent à des vers clés de Auden. Bref, on sera entouré de ce monde textuel d’une façon sensuelle et affriolante, qui nous calme comme un ruisseau sous la fenêtre de notre chambre à coucher qui signifie un bassin dans lequel la présence audible et physique de la musique se retrouve encastrée. La prestation de la musique par Victoria Harmandjieva et Benedek Horváth tournera l’angoisse en délire et le délire en délice. À leur côté cette créature étrange qui semble sortir des bâtisseurs d’empire de Boris Vian, un être Schmürz, muet comme une carpe qui représente en sorte la fonction du fou shakespearien. Toutes les portées de l’anxiété qui semblent s’échapper des rêves hardies d’un autre personnages présent sur scène (le metteur en scène?). Que l’angoisse soit le vertige de la liberté… Gian Manuel Rau
NOTES D’INTENTION À LA MISE EN SCÈNE - VICTORIA HARMANDJIEVA
Comprendre notre monde est ma façon d’y rester.
Créer des espaces scéniques et faire de la musique,c’est confier à l’autre, sans dogme ni revendication, la possibilité d’un fertile dénouement des « faces à faces » intarissables avec ce que l’Humanité a de meilleur et de pire. L’anxiété me hante, ses conséquences dangereuses me bousculent et attisent mon inspiration. C’est en 2015, que je prends connaissance du poème d’Auden à l’occasion d’un congrès international de philosophie et de psychanalyse Jungienne à Zurich, pour lequel, je suis invitée à participer comme conférencière et comme pianiste pour interpréter la Symphonie N°2 de Bernstein dans sa version pour deux pianos. À mon tour, comme le compositeur en 1947, je suis bouleversée, retournée et à la fois irrésistiblement attirée par les deux œuvres.
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LE SPECTACLE ET LES PROJECTIONS VIDÉO
Dans l’espace scénique, au sol, est déposé un tapis de danse miroir faisant référence au texte d’Auden : « Every man carries with him through life a mirror, as unique and impossible to get rid of as his shadow. ». La projection se fait en dessus du plateau sur un grand écran oblique, de façon à donner un effet écrasant et d’oppression pour le publique, ce qui permet d’avoir l’espace scénique et l’écran dans le même champ de vison. Sur scène, dispersées de façon « aléatoire » par le Temps et l’Histoire de l’Humanité, quelques tubes cathodiques transmettent les états émotionnels de Rosetta, Malin, Quant et Emble, leurs souvenirs, leurs illusions échouées … mais aussi le texte en français. Giuseppe Greco